Une clause illégale ne s’efface pas d’un coup de baguette magique. L’idée d’interdire la cigarette à son locataire hante nombre de propriétaires, surtout ceux qui redoutent les odeurs persistantes ou les murs jaunis. Mais la réalité est moins simple qu’un règlement inscrit noir sur blanc.
Les droits du locataire après le bail
Une fois le bail signé, le locataire se retrouve pleinement chez lui. Ce statut s’accompagne de droits que le bailleur ne peut pas balayer d’un revers de main, même s’il demeure propriétaire des murs. Chercher à imposer une interdiction de fumer dans l’espace privé du locataire s’apparente alors à une démarche illégale.
L’intérieur de son appartement : un espace privé inviolable
Qu’il occupe un studio ou un cinq-pièces, le locataire bénéficie d’une sphère privée. L’appartement, même s’il appartient légalement à autrui, devient son territoire. Le bailleur n’a aucune légitimité pour s’immiscer dans ce qui relève de l’intimité du locataire. Interdire la cigarette dans ces conditions n’a tout simplement pas lieu d’être. Chacun doit pouvoir vivre à sa manière, sans intrusion dans son quotidien.
Où le locataire peut-il fumer dans l’appartement ?
Légalement, le locataire est libre de fumer dans toutes les pièces qui composent son logement. Les espaces considérés comme privatifs s’étendent à l’ensemble de l’appartement : rez-de-chaussée, terrasses, balcons, chambres, salons. En définitive, tout ce qui figure dans le contrat de location comme relevant du locataire, sans partage avec d’autres occupants, lui appartient pour l’usage. Aucun texte n’interdit la cigarette dans ces recoins privés.
Que dit la loi ?
La législation française ne laisse aucune place au doute : interdire la cigarette à un locataire dans son logement n’a pas de fondement légal. La loi du 6 juillet 1989 encadre les clauses du bail et protège les occupants contre les clauses abusives. Si un propriétaire tente d’imposer une telle restriction sans l’avoir précisé clairement avant la signature, il prend le risque de voir sa clause balayée en justice. Les locataires ne manquent d’ailleurs pas de saisir la justice lorsqu’ils découvrent après coup des restrictions non annoncées. Cela vaut aussi bien lors d’une modification de contrat qu’au début de la location. Pourtant, une nouvelle tendance se dessine en France : de plus en plus d’immeubles affichent désormais leur statut de “non-fumeur”.
Clause d’interdiction de fumer : l’importance de la transparence avant la signature
Pour limiter les litiges, la meilleure solution consiste à annoncer explicitement la présence d’une clause “non-fumeur” avant même que le bail ne soit signé. La clarté et l’honnêteté évitent bien des malentendus. Généralement, c’est le manque de transparence qui provoque les tensions et les conflits entre bailleurs et locataires. Prévenir en amont que le logement est réservé aux non-fumeurs permet à chacun de prendre ses dispositions. Un locataire averti peut alors choisir, en pleine connaissance de cause, d’accepter ou non ces conditions, voire de renoncer à la location si cela ne lui convient pas.
Un espace dédié pour fumer dans l’appartement
Dans certains immeubles ou appartements où la règle “non-fumeur” s’impose, des propriétaires choisissent de désigner un endroit précis pour les adeptes du tabac. Cela s’explique facilement : proposer un coin réservé, comme un balcon ou une véranda, permet d’éviter la perte de potentiels locataires tout en limitant les nuisances. L’idée est simple : réduire les tensions, notamment avec le voisinage.
Voici quelques exemples d’espaces qui peuvent être proposés aux fumeurs :
- Un balcon privatif
- Une terrasse attenante à l’appartement
- Un espace extérieur couvert, comme une véranda
Cette démarche vise surtout à préserver la paix entre occupants. Dans les immeubles en copropriété, où les circuits d’aération sont souvent communs, les plaintes des voisins à propos des odeurs de tabac ne sont pas rares.
Que se passe-t-il si le locataire ne respecte pas les engagements ?
Dans les situations où une interdiction de fumer a été clairement notifiée avant la signature du bail, et que le locataire décide malgré tout de s’en affranchir, il s’expose à des conséquences sérieuses. Le non-respect de cet engagement peut amener le propriétaire à mettre fin au contrat, parfois sans préavis. Cette attitude témoigne d’un manque de loyauté dans la relation contractuelle. Les propriétaires finissent toujours par apprendre que le locataire a enfreint la règle, notamment grâce aux remontées d’autres habitants de l’immeuble ou de colocataires, surtout si l’ensemble de la résidence est non-fumeur.
Le locataire reste responsable des dommages causés
Disposer d’un droit signifie aussi assumer certaines obligations. Même si le locataire peut fumer légalement dans son logement, il doit prendre en charge toute réparation liée à des dégradations résultant de la cigarette, brûlures, tâches, odeurs incrustées. Le bailleur pourra alors lui réclamer le remboursement des frais lors de l’état des lieux de sortie.
La liberté de fumer chez soi ne se négocie pas à la légère. Mais elle ne protège pas des conséquences concrètes, ni des responsabilités à endosser. Le tabac dans une location, c’est parfois un parfum de liberté, parfois l’amorce d’un casse-tête à la remise des clés.


